Des très riches heures des maîtres meuniers

Le textes qui suit a été écrit par J.P. EHL et publié dans le républicain Lorrain dans les années 1990.

Moulins neufs

Deux autres moulins furent construits beaucoup plus tard, au XIXè siècle. Dans nos archives, il est mentionné deux autres moulins dits "Moulins
neufs". L'un de ces moulins était un moulin à farine, l'autre un moulin à huile.

Ce dernier avait une grosse meule qui, dressée, tournait dans l'auge, broyant les graines oléagineuses. Cette huile était puissante et savoureuse. Mais, ces moulins cessèrent leurs activités à la fin du XIXè siècle, début du XXè siècle.

L'huile de noix

C'est cependant l'huile de noix qui remportait la palme : "Oui, soulignent les 92 ans de Catherine Herrgotts qui habite l'une des deux demeures dont il est question (dans l'autre, à Merten, vit une vieille dame connue sous le nom de Ohligmilla) au siècle dernier il devait y avoir 300 ou 400 noyers dans les vergers de Berviller. Mon grand-père aimait parler de cet arbre roi, prisé pour la noblesse de son bois et surtout par la grâce de ses noix. Dans ma jeunesse, au début de ce siècle, il en restait peut-être une centaine. Donnez-vous le mal de compter les rescapés ; vous en trouverez une trentaine, guère plus."

Quand les moulins à huile cessèrent-ils leur activité ?
"J'ai entendu dire autrefois qu'après la guerre de 1870, les Prussiens interdirent la fabrication d'huile à partir de noix. C'est peut-être l'explication. D'ailleurs tout ça c'est le passé et ça ne reviendra plus, car la vie ne va pas en arrière ni ne s'attarde avec hier" conclut Catherine avec la sérénité de son âge.

Des linteaux magnifiquement sculptés

Si l'ère des meuniers est révolue, la mémoire collective en a conservé le souvenir. Deux linteaux magnifiquement sculptés suggèrent encore, à leur manière, un passé que la grosse gomme de l'oubli peu à peu efface. Nés, l'un en 1825, l'autre en 1826, ils témoignent du temps où les meuniers étaient des gens aisés, conscients de leurs privilèges qu'ils tenaient à afficher jusque dans la pierre. Leurs demeures furent construites près de moulins mentionnés dans les archives comme "moulins neufs". Il s'agissait de moulins à huile.

Gérard Bur, un passionné d'histoire locale et de vieilles pierres a déterré l'une des grosses meules qui, dressée, tournait dans l'auge, broyant les graines oléagineuses : colza, moutarde, faînes, noix mais aussi navette et lin qui donnaient une huile destinée à l'alimentation des bêtes ou à l'éclairage. Quelle aubaine quand dans certaines années grasses, les hêtres prodiguaient généreusement leurs faînes par myriades ! Que de patience et de travail pourtant quand il fallait, pendant les longues soirées d'hiver, décortiquer ces fruits minuscules ! La récompense était une huile puissante et savoureuse.